Dessiner dans la durée
Dessin 2002-2006, leds, timers électroniques – La Station, 2006, vue partielle et photo-temporisée *
Led => Diode électroluminescente (Light Emitting Diode)
Timer => Ici des temporisateurs de précision réglables de la microseconde à des heures
Introduction
Après la représentation du mouvement (par la photographie, le futuro-cubisme, F. Bacon, ...), des artistes ont montré un intérêt certain pour le "mouvement réel" avec l'art cinétique, en lien avec la dynamique de l'art optique.
Historiquement, j'ai estimé cette nouvelle dimension très importante et très vaste, au fond de laquelle je découvrais aussi la télé-vidéo de Nam June Paik, les concerts-performances Fluxus, les compositions de Morton Feldman, La Monte Young, le "son" et les tracés physiques de Lars Fredrikson, les espaces géométriques "in motion" de Manfred Mohr, diverses formes temporisées dans le champ visuel mais aussi par l'écoute.
Les artistes plasticiens ont intégré de plus en plus cette dimension temps. En 1993 j'ai voulu viser le strict essentiel élémentaire du dessin, sans référence au cinéma (expérimental ou pas) ni à la projection vidéo qui formaient un monde en soi, ni aux sculptures rotatives ou d'ameublement genre fontaine animée, ni aux performances chorégraphiques liées à un public spectateur. C'est à partir de l'écoute, c'est à dire du son, dont le silence est un pilier central, que j'ai trouvé moyen de dessiner dans une durée, par elle, dans l'espace-événement d'une mise en lumière(1).
In memoriam
Morton Feldman lançait des poignées de sons dans la durée (comme des matériaux dans l'espace).
Lars Fredrikson, Télévision, 1969, instantané photographique d'un moniteur cathodique dont la fréquence de balayage est modifiée.
Nancy Holt, Sun Tunnels, 1973-76
La "matière temps" dans mon parcours
L'instant-durée, œuvre d'écoute, 14 mn : bande magnétique 1993, édition CD 1999.
— Écoute stéréo au centre de deux haut-parleurs largement espacés. (L'édition sera à nouveau disponible prochainement.) — Voir 1990-1993_sons-silence.pdf (page 4)
Partition pour éclairage d'exposition, 1993
— 1993 : Propositions incluant les "partitions" et les "séquences" pour éclairages d'expositions. L'exemple ci-dessus fait baisser longuement l'intensité lumineuse jusqu'à l'obscurité, puis la pleine lumière revient très soudainement. Les "séquences" sont toutes des boucles produites par des séries de timers électroniques coupant par instants l'éclairage d'un espace intérieur (via des relais électriques). L'idée et la forme se découvrent dans la durée (et l'espace, bien-sûr).
Bruit pour éclairage d'exposition, 1994, Nice by night 1994 ; Murs du son - Murmures, Villa Arson, 1995.
Événement plastique (dispositif électronique).
— 1994 : Au lieu d'un vrai programme, c'est un son (à partir de bruit) comme signal autonome génératif — sans aucune diffusion audio — qui contrôle l'éclairage d'exposition. Il se passe simplement de brefs instants d'obscurité (le lieu est optiquement isolé), déployant à long terme une structure chaotique à vivre.
Œuvre-exposition en plusieurs salles (vue partielle), comprenant : L’instant-durée (en boucle avec quatre haut-parleurs très espacés), Séquence pour éclairage d’exposition (timers, relais électriques), sans titre (dessins au leds) — leds sur les pierres, réseaux de timers.
— 1996 : Les dessins aux leds. Ici l'espace est faussement vide : trois propositions techniquement indépendantes l'occupent (chacune entièrement), le tout s'enchaîne fortuitement dans une durée sans fin et compose encore et toujours via l'attention du visiteur. Il n'était pas pensable de photographier ni de filmer une telle exposition.
sans titre (bleu), Pollen, Monflanquin, 1996 (extrait d'exposition)
— Quatre timers répétitifs indépendants contrôlent simultanément les deux leds bleues ciel, ainsi par moments elles s'éteignent (plus ou moins brièvement) formant un rythme relativement complexe.
555, exposition individuelle au Magazin 4, Bregenz, 1998, vue partielle et photo-temporisée *
Cloisons, laine de roche, leds, hauts-parleurs piezos, timers, son, éclairage naturel.
— 1998 : des ponctuations spatiales sonores contrôlées par des timers, forment des tracés géométriques-acoustiques, en plus des dessins aux leds et des murs de laine de roche brute.
Haut-parleur plat fabriqué face à la vitre d'une fenêtre, son. Avatar, Québec, 1999.
— Détail d'installation dans une résidence ouverte aux visiteurs. La vitre en verre nous renvoie les vibrations du petit haut-parleur plat fabriqué (avec piezo), devenant elle-même son et écran-fenêtre.
Timerstructure-radio, Dubrovnik, 2000-2002.
— Un circuit plein de timers produit comme des ondes de silence très pur, coupant le son de la radio locale en laissant apparaitre cette diffusion stéréophonique par instants...
Drawing 2002-06, Dubrovnik, 2002.
Leds, "machine à dessiner" à timers, vue partielle et photo-temporisée *
Dessin – 2002-2006, La Station, 2006, vues partielles.
Leds, circuit à timers "T-Patch 0208".
Discret thought — Fiction binaire, 2006, Hôtel Buhrrus, Vaison-La-Romaine.
Pavés à leds, verre parsol, film semi réfléchissant, aluminium, circuit électronique, valise technique.
— Progression déterministe se déployant sur 272 ans — Voir : document PDF.
Dessin (Mouans-Sartoux), EAC, 2007.
Leds, "machine à dessiner" augmentée, alarme. Vue partielle et photo-temporisée *.
Microbruit d'horizon, 2007-2008.
Pavé lumineux carré à leds blanches, filtres optiques, électronique.
— Le pavé lumineux s’allume et s’éteint : l'alternance binaire se déploie dans la durée très librement car, contrairement à toute attente, il n’y a aucun programme. La balance (blanc lumineux / gris foncé) émerge d’un phénomène microphysique chaotique, un bruit blanc filtré, ne gardant que les très basses fréquences (en moyenne environ 0,4 Hz).
Étude matério-spatiotemporelle (hommage à Lars Fredrikson), Villa Arson, Nice, 2011, vue partielle.
Cloisons, laine de roche, électronique, quatre pavés à leds blanches.
— Les quatre pavés s'allument et s'éteignent simultanément, chaotiquement (suivant le même bruit blanc filtré). L'espace est isolé optiquement et acoustiquement, pas d'autre éclairage. En observant ce front d'ondes suffisamment de temps, le regard faisant corps avec chaque instant, on perçoit l’évolution incessante du potentiel initial comme un tracé virtuel continu dans la durée.
Stat-bar — Veille statistique physique (32 bits/s), 2014.
Électronique, métaux, verre, plastiques, colles, câble.
Voir : Algorithme et contingence du hasard (PDF)
À gauche : Infographe (16 bits/s), 2014 ; à droite : Bipers, 2015, (vue partielle), SNAP projects, Lyon, 2015.
Électronique, métaux, plastiques, colles ; 2 bipers, 2 buzers, 2 alarmes.
* Les photographies des dessins aux leds montrent des points lumineux qui en réalité ne sont pas présents simultanément : les allumages et extinctions des leds suivent différentes séquences de différentes temporisations très précises. Par exemple dans la vue tout en haut de cet article, la led blanche est allumée assez longuement, mais de temps en temps seulement, tandis que la rouge à gauche s'allume puis s'éteint très vite juste avant le flash de la verte à droite. Entre en jeu la persistance rétinienne (les leds sont puissantes) ainsi que la mémoire du regardeur percevant des déplacements linéaires séquencés.
1. Mettre en lumière : dans le sens de exposer.