Physicaliste athée, je suis [1]
mon physicalisme métaphysique — complexité et chaos
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Sur l'être en tant qu'être, ce que je crois pourrait s'introduire ainsi :
• La réalité d'un monde naturel existe vraiment, et rien ne peut être surnaturel.
• Tout ce qui est fondamentalement, est physique, et toute part de réalité en dépend. Les idées (dont les idéalités mathématiques), ainsi que l'esprit, les représentations et les intentions (dont le libre arbitre), n'existent pas réellement en tant qu'être (càd "pas fondamentalement").
• Toutes les causes de faits et de phénomènes sont physiques.
• Si l'on peut envisager une logique véritable (fiable), elle doit provenir de la science physique expérimentale (même si celle-ci n'aboutit jamais).
Mais tout est complexe, je ne peux pas réduire ma proto-métaphysique à ces courts énoncés en mots courants, il faut apporter des précisions importantes.
Est-ce que ce point de vue nie catégoriquement l'existence de l'esprit, de la pensée individuelle, de la douleur, ainsi que l'existence des nombres premiers (par exemple) ? Non, mais ici le sens du terme exister est à relativiser.
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Je trouve pertinentes ces deux émanations du 20 ème siècle(2) :
La réalité d'une chose n'est pas dans la chose, mais uniquement dans son rapport à ce qui l'entoure.
Toute chose peut être autre que ce qu'elle est.On peut tous voir le ciel bleu de Nice, je ne vais donc pas nier qu'il est là haut, bien présent et influent. Mais d'évidence il s'agit d'un phénomène comme la nuit, on ne peut pas aller y prélever un morceau bleu car ce n'est pas une chose-objet (tel un rocher ou un vase). Rappelons en passant, que l'électron comme le photon n'est vraiment pas un petit caillou, que l'atome n'est pas un petit ballon... (le monde des objets est une vision pratique mais très illusionnée et naïve).
Nous ne pouvons percevoir que des phénomènes et non ce qui fondamentalement est. L'important, quand on se penche sur ce qui est en observant un phénomène, consiste à comprendre à quelle réalité il correspond, par approximation. Ce bleu du ciel correspond bien à une réalité physique que peut décrire un scientifique (en relatant les yeux humains, l'atmosphère, la lumière solaire, le vide, la Terre, etc.).
La physique du ciel bleu est une affaire d'interrelations et d'interactions, c'est complexe.
Il en va de même à mon sens pour l'existence biologique des individus.
Si j'écris "j'existe !", fondamentalement je parle d'un épiphénomène transitoire ultra complexe (ma personne). L'esprit est une émergence de la matière organisée ainsi que d'autres choses. Les espèces qui peuplent la biologie le sont toutes, sans qu'on puisse observer leurs apparitions. Les individus vivants émergent d'une biochimie complexe contingente (où tout est interdépendant en terme d'environnement biophysique), elle-même survenant de la chimie qui survient de la microphysique.
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L'existence des corps pensants est impossible à prédire à l'aide des modèles de physique, car la complexité en jeu y est définitivement bien trop grande. Un modèle sociobiologique sera mieux adaptée. La connaissance, quelle qu'elle soit, ne peut pas forcément tisser des liens de continuité entre deux expressions de réalité (entre microphysique et sociobiologie par ex.), tout comme elle ne peut pas relier des suites causales rationnellement indépendantes(4) qui, en se rencontrant, produisent des événements imprévisibles précis (qu'on dit alors chaotiques).
Ma personne existe en quelque sorte (relativement à...), ainsi que mes douleurs, mes amitiés, le bleu ciel, l'électron, l'espace-temps... Pourquoi ne pas rejeter l'existence des choses illusoires ? D'une part, parce que toutes les illusions sont bien liées à de la physique et d'autre part, parce qu'il me semble stérile de ne rien relativiser, comme quand on s'exclame "le temps n'existe pas" ou "tout est illusion" sans théorie testable : de quelle réalité parle t-on précisément ? On ne peut pas sortir de l'être et dire ce qui est ultimement, ou n'est pas. Mais je pense que ma perception correspond à une réalité physique (même si celle-ci ne ressemble pas précisément aux sensations, impressions et intuitions que je peux avoir).
Aux limites de la connaissance
Qu'est-ce que la gravitation au fond ? C'est une vraie question. Comment se représenter un champ quantique de force, ou l'énergie du vide avec ses propriétés ? Difficile ! Pourquoi trois familles de particules de matière ? Parce que c'est ainsi. Je pense que les choses fondamentales de la physique émergent d'une réalité encore et toujours physique et non pas d'un supposé monde d'idéalités à la fois réel et non-physique. Ce qu'il y a dans un trou noir est aujourd'hui indécidable, mais ce contenu est physique. Ce qui se passe avant le big-bang n'est pas connu, mais l'origine de l'univers observable est physique, même s'il n'y a pas encore de théorie testée. L'avenir proche ou lointain est inconnu. Il n'y a pas de script mathématique quelque part décrivant ce qui advient, les choses adviennent naturellement par leur contingence, il n'y a pas de programme, pas même dans l'œuf d'une poule.
Les fonctions et personnages mathématiques, comme les nombres connus (dont le zéro et les quantités infinies), les ensembles, les classes, les suites, les matrices, les graphes, les topologies, le cercle, le point, l'informatique, etc., sont des constructions humaines, comme des éléments de fiction. Toutefois je ne dirai pas que ce sont là de pures fictions qui n'accrochent à rien de réel. Certaines structures maths-physiques correspondent à une réalité relativement profonde. L.L 2008-2017
[1] Exemples de Diagrammes de Feynman. Ces schémas peuvent représenter mathématiquement tout ce qui se passe avec toutes les particules de la physique quantique, leurs interactions, désintégrations, etc. Les deux coordonnées sont l'espace et le temps.
[2] Entendu d'un professeur de philosophie dont je n'ai pas le nom.
[3] Surface d'océan.
[4] Cf. Cournot pour sa définition du hasard : c'est "la rencontre de suites causales indépendantes".
[Ci-dessous] Une vue du soleil (avec ses manifestations magnétiques).