Physicaliste athée, je suis [2]

Rédigé par Ludovic Lignon Aucun commentaire
Classé dans : métaphysique Mots clés : scepticisme, connaissance, matière
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mon physicalisme athée : face aux agnostiques et panthésites, au fonctionnalisme, aux post-humanistes...

Le matérialisme vulgaire a la vue trop courte concernant l'existence, je ne développerai pas ce point.

multivers
incommensurable multivers...

Ma position peut sembler proche de celle de l'agnostique, mais sur les quelques points d'accroches il y a bien divergence :
• En effet, je rejette les incantations sur ce qui existe ou non ; je comprends la tendance de Niels Bohr à se méfier des notions du réel chez ses contemporains (au point de bannir ce mot des discussions). Mais je considère des exceptions, des irréalités à exclure.
Par exemple une unité immanente plus ou moins éthérée, ou une classe d'être inaccessible, ou disons une cause a-physique : je ne crois pas que de telles idées humaines déconnectées de toute expérimentation, correspondent aux coulisses du monde physique tel qu'on le découvre, qui est manifestement très indépendant de nos intuitions. Ces éventualités sont exclues.

• "L'absolu est inaccessible" : je reconnais qu'une inconnaissance persiste avec nos nouvelles lumières, et persistera éventuellement, mais l'idée qu'un absolu préexiste au monde (au multivers ?) n'est pas raisonnable. Sur l'ignorance : l'agnostique refuse de se prononcer, laissant entendre qu'une origine supranaturelle n'est pas exclue. Je ne peux que me prononcer : l'inconnaissance oui, mais le supranaturel, non. En terme épistémologique ou méthodologique : il n'y a pas de mystère, il n'y a que des énigmes. Notre ignorance ne devrait s'encombrer d'aucun outre-monde, Lucrèce l'avait bien compris.

Le panthétiste et l'agnostique ont en commun de supposer une harmonie, une élégance de l'univers (comme Einstein qui ne supportait pas l'universalité troublante du hasard). Mais avec la physique quantique, avec les multivers et entre autres, la considération généralisée du chaos, la complexité extrême de toute chose et de l'environnement vient à point pour soigner notre ignorance, sans obscurantisme fantasque. Souvent on lit "l'univers est soumis à des lois", "la physique est régie par des lois", etc. Mais que croyons nous ? Ne se pourrait-il pas que seule la contingence physique de l'être suffise ?


supercalculateur
Un supercalculateur

Le fonctionnalisme, avec ses diverses variantes et son évolution, est séduisant car il semble réconcilier les bons vieux matérialisme et dualisme !
Le fonctionnaliste considère que l'esprit d'une personne résulte des états successifs de ses connexions neurales et qu'il est assimilable au déroulement d'un programme informatique. En somme le cerveau serait une Machine de Turing. L'idée importante est que l'information (évoluant état par état) dans le cerveau serait universelle comme les fonctions mathématiques, au point qu'un ordinateur pourrait réellement générer la conscience d'une personne via un autre support matériel (ici l'important est la fonction, le support matériel est toujours quelconque). C'est une manière de voir qui s'impose, bien qu'on ne puisse pas l'envisager pratiquement, ni la réfuter, ce qui peut devenir embêtant à la longue.

Le cerveau n'est pas réductible à un ordinateur tel qu'on peut l'imaginer maintenant. La neurophysiologie n'est pas (encore) en mesure de pointer les mécanismes chimiques qui correspondraient aux dits états mentaux ou propriétés de l'esprit. Il se pourrait que toutes les molécules du cerveau jouent un rôle, auquel cas aucun super-calculateur ne peut être assez gros et puissant même dans un futur plutôt lointain.

Surtout, le cerveau n'est pas une boîte autonome : la production et le traitement d'information sont directement liés au corps, à la multitude de capteurs qu'il comporte, à ses mouvements, à sa situation dans un entourage contingent. Toutes ces captations et projections d'actions changent l'individu à chaque instant, le cerveau change en s'adaptant sans cesse aux conditions du corps et à sa situation.
D'où mon regard sceptique : en terme d'expérience de pensée, si mon esprit pouvait se transférer dans un autre corps, un supercalculateur, un robot humanoïde électronique, ou même un vrai corps humain réactivable, l'alliance deviendrait très rapidement une toute autre personne, ayant un autre esprit. Les codes importants sont dans le matériel génétique des cellules, dans l'épigénétique, les processus biochimiques, dans le vécu, les mémoires, bref dans tout le corps lié à son environnement immédiat et historique.


binaire

Le post-humanisme et la vie éternelle
Des personnes pensent devenir éternelles via une application à la lettre du fonctionnalisme rapidement (pensant que la technologie correspondra à cette vision du monde encore nébuleuse). Suite de l'expérience de pensée : il serait possible de transférer mon esprit (ou ma "conscience"), dans une machine. Ce que l'éternaliste ne semble pas comprendre, c'est qu'il s'agit forcément d'une forme de captation, d'encodage binaire et surtout d'un téléchargement de mon état mental à un instant t. Ainsi celui qui va vivre via la machine sera une copie de cet état. Ce ne sera pas moi — qui vais mourir comme tout le monde. Même si la copie croit en elle, comme étant la seule suite du moi (déjà séparé). Je ne serai donc jamais éternel.


Fonctionnalisme encore. On peut envisager l'univers comme le déroulement d'un calcul, l'état actuel des informations (dont le phénomène sapiens sur Terre) n'étant qu'une étape. On peut envisager que les particules élémentaires ne sont pas strictement ce qui est mais sont les informations qu'il est possible d'avoir... Encore une fois, le substrat physique, ici un potentiel fluctuant (celui d'un vide spatial par exemple) serait quelconque... Que penser de ce "quelconque" ?
LL. 2015-2017


univers-1
  Répartition de la matière dans notre univers
  (superamas de galaxies et immenses bulles de vide)


Notes – Art plastique

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